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Mon métier, c'était l'imprimerie.
Ma passion, c'est la typographie.

Ce blog sera fait de commentaires sur mes visites sur certains blogs traitant de l'impression des timbres-poste.

samedi 27 octobre 2018

MISES EN TRAIN TRÈS DÉCORATIVES


Au cours de ses visites au Musée Postal, le Docteur Fromaigeat a certainement vu ce type de documents, des mises en train pour des timbres au type « Cérès » :


Voici le commentaire qu’il en a fait dans un de ses ouvrages :


Ce n’est probablement pas la bonne raison. D'autres exemples que l’on peut voir au Musée Postal le prouvent :

(Document Musée Postal)

Pour tous ces exemples de mises en train que l’on peut voir, soit au Musée, soit dans les collections ou chez les vendeurs, en réalité, très peu ont servi pour une impression. Et cela n’est pas étonnant. A cette époque, les mises en train étaient collées directement sur le papier tendu sur le cadre du tympan et ne pouvaient être réutilisées, à part peut-être ce type de mise en train :

(Document Musée Postal)

Ce type est plus exactement une « mise entre cuir et chair » collée entre le galvano (le cuir) et son support en bois (la chair) où le galvano est cloué ou vissé.

Il aurait été certainement plus logique de marquer directement sur la mise en train les indications concernant le galvano correspondant, même si la valeur imprimée sur les découpages utilisés n’était pas la bonne. De plus cette façon de faire, même si elle est très esthétique, est une perte de temps et ne sert à rien pour l’impression.

Mais ce que le Docteur Fromaigeat n’a pas su voir, c’est que cette mise en train « très décorative » n’a pas servi pour l’impression des timbres. Elle n’a pas pu servir pour les premiers timbres « Cérès » sur des presses à bras puisque ce type de « découpures » n’a été imaginé que plus tard vers 1855 par un imprimeur du nom de Derniame et probablement pour des presses à cylindre où ce type de mise en train donne sa pleine utilité.

Si cette mise en train très spéciale a été confectionnée par un ouvrier imprimeur avec un temps beaucoup plus long que nécessaire, on peut raisonnablement penser qu’elle a servi pour une exposition pour montrer le savoir-faire de l’imprimerie des timbres.

Ces mises en train non utilisées n'ont certainement pas été vendues dans des bureaux de poste, elles ont été conservées par Anatole Hulot, ainsi que de nombreuses feuilles d’essais, des feuilles imprimées de couleurs différentes sur papier fort, ou plus faible, en prévision de découpages pour d’autres mises en train ultérieures, mais qui n’ont pas servies. Elles ont sans doute été vendues après sa disparition à des marchands, comme le « Vervelle », et certaines de ces feuilles ont été coupées en morceaux pour être vendues plus facilement à des collectionneurs.

dimanche 7 octobre 2018

LE MANCHON


Dans la revue « Marianne » du 3me trimestre 2018, bulletin du Cercle des Amis de Marianne, un article au sujet des barres phosphorescentes demande un petit rectificatif :


Il y est question de « manchon » décalé en hauteur et en largeur. Ces bandes ont été imprimées avec des cylindres tournés et usinés pour obtenir un cylindre cliché avec les bandes en relief. Ces cylindres sont fixés sur leur axe et entraînés par un engrenage. Ils ne peuvent bouger dans un sens ou dans l’autre.

"Manchons" métalliques

 Cylindre sur la rotative taille-douce

Mais par contre, c’est la bande de papier imprimée qui peut se déplacer, soit en largeur soit en hauteur, par des dispositifs qui modifient la position par rapport au cylindre cliché, en alignant latéralement et en rallongeant (ou raccourcissant) la course du papier avec des embarreurs. 

 

Ce « manchon » est toujours le même quand il est installé. Il n’y a pas eu de cylindre cliché plus large ou défectueux. Mais au cours d’un tirage, tout peut arriver. Il faut savoir que le papier est souvent « maltraité » tout le long de la rotative. La bande de papier est séchée, humidifiée, écrasée par l’impression avec la virole, séchée dans un four IR, imprimée pour les bandes et séchée dans un four UV. Et à chaque opération, la bande varie en largeur, plus ou moins selon la chaleur des fours et selon une humidification plus ou moins importante, ce qui provoque un certain nombre de variations en largeur.

C’est donc le papier plus ou moins humidifié et séché qui varie et non le « manchon ». Il faut savoir également que l’emplacement exact des bandes n’est pas primordial et que toutes les variations sont acceptées et non rebutées. Il n’y a que les collectionneurs pour chercher ainsi la moindre variation, trouver des anomalies. Les trouver c’est bien, mais c’est beaucoup plus difficile d’en donner les bonnes raisons sur le plan technique.

lundi 2 avril 2018

MATÉRIEL D'IMPRESSION TYPOGRAPHIQUE DES TIMBRES-POSTE FRANÇAIS

Les premiers timbres-poste français émis en 1849 ont été imprimés sur des presses à platine typographiques à bras de type "Stanhope", l'encrage se fait à la main avec un rouleau encreur :

et sur des presses à cylindre, probablement celles construites par Marinoni :


Après la période "Hulot" la Banque de France reprend en 1876 la fabrication des timbres-poste et utilise les machines employées pour les billets de banque, les presses à platine de type Napier construites par Marinoni :


Ces presses sont reprises à l'Atelier de Fabrication des timbres-poste et au Boulevard Brune en 1895, et remplacées vers 1900 par des presses à cylindre à feuilles avec marge manuelle fabriquées par Marinoni, Alauzet, Dutartre ou Lembert avec sa presse deux tours avec margeur automatique :

Presse à cylindre "Dutartre"

Presse à cylindre deux tours "Lembert" avec margeur automatique

En 1922, l'impression devient rotative, les clichés obtenus par galvanoplastie, plats depuis l'origine, peuvent être cintrés et être utilisés sur les cylindres de ces machines construites par Chambon : 

Première rotative

Rotatives avec réception en bobine

Une bobine de papier alimente la rotative qui imprime, perfore et coupe les feuilles de timbres ou enroule la bande de papier en bobines pour confectionner les carnets ou les roulettes. Ce type de rotative sera utilisé jusqu'en 1986.

Sur le même principe, des rotatives "Chambon" un peu plus larges ont été utilisées pour les mandats et autres productions comme les "bons pour un paquet" en franchise postale, et même une rotative fut transformée pour la fabrication des vignettes automobiles.

Ce type de presse à platine avec marge manuelle a donné son nom au service des "Minerves"  :

Presse "Minerve" de Berthier

Ces presses servaient pour l'impression des surcharges et changement de valeur sur des feuilles de timbres déjà imprimées et coupées. Elles seront remplacées par ces presses "FLbis" Foulont et Langenhagen avec margeur automatique :


Ces presses "FL" ont servi également pour l'impression des coupons-réponse.

D'autres presses typographiques, plus modernes, "Heidelberg" à platine ou à cylindre ont été utilisées pour des productions autres que les timbres-poste.

jeudi 18 janvier 2018

TIMBRE PLUS HAUT

Sur le forum des collectionneurs, http://collections.conceptbb.com/t17120-130f-roulette-tout-savoir-enfin  ce sujet sur ce timbre de roulette de 1923 :

 
(image proposée par LECOQ)

Dans la documentation, des textes proposés, sur l’Echo de la Timbrologie aux mois de Octobre, Novembre, Décembre 1971 et Mai 1972, écrits par le Colonel Deloste au sujet de ce timbre Semeuse 15c lignée avec ces lignes :



Il n’est pas possible d’être en accord avec cette opinion. Le galvano d’un timbre de 22 mm de haut ne peut pas s’allonger d’un demi-millimètre au cintrage.

Ce timbre au type VI a été imprimé en 1923 uniquement en impression rotative avec 20 hauteurs de timbres à chaque tour de cylindre clichés et sans interruptions tous les 10 timbres, pour confectionner des roulettes de timbres. Ce timbre a été précédemment imprimé en feuilles sur des presses en blanc à cylindre avec des galvanos plats. Il a donc fallu confectionner de nouveaux galvanos à partir du même poinçon original, légèrement nettoyé avec quelques retouches au burin.


Les galvanos de service ont été cintrés pour être fixés sur un cylindre clichés, par le procédé de la fibre neutre, la partie du galvano en cuivre placée entre deux couches de plomb, la couche centrale ayant la particularité de ne pas se déformer au cintrage, comme l’écrit M. Pouget, adjoint au Directeur de l’Atelier des Timbres-poste, dans un ouvrage de 1938 :


On ne peut pas en douter, si un timbre s’allongeait autant, cela ferait plus de 2 mm sur 5 hauteurs de timbres, ce n’est pas possible avec le procédé, même pour un cintrage pour un cylindre de 20 hauteurs de timbres, soit 480 mm de circonférence.

Et pourtant on peut constater un allongement de la hauteur des timbres après l’impression, ce qui peut expliquer les hypothèses de certains philatélistes et leurs commentaires. Ils ne sont pas imprimeurs de timbres-poste en typographie.

Le papier ne s’est pas allongé, sans aucun doute, puisque la dimension du perforage est correcte. Un autre contributeur du forum, Jean-Luc apporte involontairement, l’image de la solution de l’énigme.

(comparaison entre une bande de roulette en impression rotative (à gauche) et la feuille du Musée)
Merci Jean-Luc.

Les cylindres d’appel de la rotative entraînent bien le papier pour que le perforage soit fait à 24 mm en hauteur normalement pour chaque timbre. Ce n’est pas le papier qui s’allonge. Si ce n’est pas, on le sait, le galvano qui se déforme, ça ne peut être que l’impression. Mais pourquoi ?

Pour l’impression typographique, il y a des anomalies qui sont connues depuis les machines modernes. On sait que si la vitesse de déplacement de la forme n’est pas la même que celle du papier, il y a une déformation de l’impression. Dans notre cas, le déplacement du papier est correct, régulé par le diamètre des cylindres d’appel en début et fin de machine.

Mais le diamètre du cylindre des galvanos est inférieur à celui des cylindres d’appel, probablement une erreur que personne n’a vue à l’époque. Le cylindre support des galvanos est trop petit, les 4 galvanos de service, à la bonne dimension, sont trop longs pour faire le tour. Il faut donc les scier en bandes et réduire leur écartement pour pouvoir les fixer sur le cylindre, ce que montre la bande de gauche. 

Sur la rotative, le cylindre des clichés est entraîné par des engrenages et un tour de cylindre reste un tour quel que soit son diamètre et sa circonférence réduite et quand le papier passe sous les clichés, l’impression doit rattraper son retard en glissant d’une manière très difficile à voir, en allongeant la hauteur de chaque timbre sur 2 ou 3 dixièmes de millimètre. On pourrait calculer si on connaissait le diamètre réel du cylindre, et sa circonférence, la vitesse linéaire du papier étant plus rapide que celle des parties imprimantes du cylindre des clichés.


Cette déformation n’avait pas d’importance et personne ne s’en est occupé, à part les philatélistes plus tard, pas plus que dans d’autres cas où un excès de collage de papier, entre "cuir et chair" sous les bandes des galvanos, entraînant une augmentation de la circonférence et un mauvais perforage à un endroit déterminé, comme expliqué dans un article précédent du 8 octobre 2012.